Couple en crise : les 7 erreurs d'un couple
1 - LA FUSION
Paradoxalement, les couples les plus fragiles sont ceux qui, au début de
leur relation, vivent une symbiose absolue. Engagés « très vite, très
fort », branchés sur les besoins de l'autre, ils jouent tous les rôles :
amant, ami, parent, enfant... Enveloppés, à l'abri des turbulences du
monde, ils se nourrissent exclusivement l'un de l'autre. Ils vivent le
couple comme une île déserte qu'ils seraient les seuls à habiter,
jusqu'au jour où un élément extérieur vient perturber ce tête-à-tête
exclusif. Ce peut être une naissance (comment composer à trois lorsque
l'on n'a jamais vécu que l'un pour l'autre ?) ou un projet
enthousiasmant qui se présente dans la vie de l'un des deux.
Mais, plus fréquemment, c'est une sensation de lassitude et
d'étouffement qui s'empare de l'un des partenaires, qui prend conscience
que la sécurité à peu à peu fait place à l'asphyxie. Le monde
extérieur, si longtemps tenu à distance, est tout à coup paré de tous
les attraits. C'est le début de la crise. Frustration insupportable d'un
côté, sentiment d'abandon et de trahison de l'autre. La plupart du
temps, ces couples se séparent en se déchirant.
2 - LE REFUS DE LA DIFFERENCE
Un conjoint n'est pas un double. Affirmation limpide en théorie, plus
compliquée en pratique. Très souvent, les gros conflits sont nourris au
quotidien par de petits refus : on n'accepte pas que celui dont on
partage l'intimité n'ait pas les mêmes réactions que nous ou qu'il nous
surprenne (et déçoive) par la façon dont il vit et exprime ses émotions.
On projette sur l'autre des envies, des attentes, des erreurs de
comportement qui, en réalité, sont les nôtres. Or un couple est composé
de deux personnes différentes - qui plus est, dans la plupart des cas,
de sexe opposé.
On sait combien hommes et femmes "fonctionnent" de manière asymétrique,
notamment en matière de communication et de sexualité. Les femmes
expriment plus facilement leurs émotions et ont un désir sexuel plus
fluctuant que les hommes. « Il ne me parle pas assez », « Elle ne voit
jamais les efforts que je fais », « Nous n'arrivons pas à avoir
d'orgasme en même temps », « Quand je veux, c'est elle qui ne veut pas
»... sont les plaintes le plus souvent entendues en consultation. Toutes
témoignent de ce déni de la différence qui finit par faire du couple un
champ de bataille ou un tribunal
.3 - LE MANQUE DE COMMUNICATION
Convaincus que les mots sont inutiles pour se comprendre quand on est
faits l'un pour l'autre, les jeunes couples ont tendance à négliger la
communication dans leur relation. Au nom du mythe de l'amour parfait,
"instinctif", ils oublient que la communication est indispensable pour
apprendre à se connaître. Comment, sans les mots, découvrir les envies,
les besoins de l'autre ? élaborer des projets ? Sans échange, difficile
d'éviter de fantasmer la relation, difficile aussi de ne pas s'exposer à
la déception amoureuse en se rendant compte un jour que son compagnon «
n'est pas du tout celui que l'on croyait ».
Dans les couples au long cours, l'absence de dialogue nourrit quiproquos
et frustrations : « A quoi bon lui dire ce que je veux ? Je sais ce
qu'il va me répondre. » Persuadés de se connaître parfaitement, les
partenaires estiment que parler ne modifiera rien. Chacun colle une
étiquette sur l'autre et vit "à côté de" au lieu de vivre "avec". C'est
oublier que la richesse et la force du couple viennent de ce que l'on ne
finit jamais de découvrir l'autre et d'apprendre à se connaître à
travers lui.
4 - LE COUPLE THERAPEUTE
Ce sont, en général, des couples très solides au départ. Leur contrat,
inconscient la plupart du temps, repose sur des attentes complémentaires
: guérir pour l'un (problèmes de dépression, d'alcool, d'échec
professionnel...), se sentir indispensable pour l'autre. Le plus
souvent, ces couples, fondés à la fois sur la domination et sur la
recherche de la fusion, s'enfoncent toujours davantage dans leurs
dysfonctionnements. Ce qui les amène, à terme, soit à l'impasse, soit à
la rupture.
Premier cas de figure : avec le temps, le "malade" guérit et, de fait,
n'a plus besoin d'un "médecin" ni d'un témoin gênant de sa « déchéance »
passée. Il se peut également qu'il se révolte en prenant conscience que
cette relation, loin de le libérer, entretient sa dépendance, s'en
nourrissant pour continuer à exister. Second cas de figure : les
tentatives du "sauveur" échouent, alimentant sa frustration et sa colère
et générant de la culpabilité et de la souffrance chez son partenaire.
5 - LE MANQUE DE PROJET DE VIE
Établir des projets de vie est indispensable pour avancer à deux. Mais,
pris dans l'euphorie des premiers temps de la relation, les jeunes
couples revendiquent le droit de « vivre au jour le jour » et évitent de
se projeter dans l'avenir. Ce n'est que lorsque le quotidien a émoussé
l'enthousiasme et la spontanéité des débuts que l'avenir de la relation
apparaît comme un espace vide, ennuyeux ou angoissant. Certains vont
alors "voir ailleurs" pour remettre du désir et de l'excitation dans
leur vie ; d'autres, pour meubler le vide, décident de déménager, de se
marier ou d'avoir des enfants, mais, une fois ces projets réalisés, se
rendent compte que la vie à deux ne leur apporte plus ni envie ni
énergie.
C'est alors que, au lieu de questionner en profondeur la relation et ce
que l'on attend d'elle, chacun se replie sur soi et développe, en
parallèle du couple, des projets personnels. Lesquels, loin de nourrir
la relation, la fragilisent encore davantage. Dans cette dynamique, l'un
des deux finit par s'apercevoir qu'il est plus épanoui seul ou à
l'extérieur de son couple et met fin à celui-ci. Ou, par peur de la
solitude, par culpabilité, chacun se résigne et vit « seul, à deux ».
6 - LA PARESSE
« On s'aime, donc ça doit marcher entre nous », « Si ça ne marche pas,
c'est que l'on ne s'aime pas assez », « Si l'on ne se comble pas
sexuellement, c'est que l'on n'est pas faits pour vivre ensemble »...
De nombreux couples, les plus jeunes en particulier, sont persuadés que,
entre eux, tout doit fonctionner d'emblée. Au moindre problème
relationnel ou sexuel, ils concluent que la relation est condamnée.
C'est pourquoi ils ne se donnent pas la peine d'essayer de surmonter à
deux leurs difficultés. Habitués au zapping, à la consommation, donc à
combler toutes leurs envies et tous leurs manques dans l'instant, ils
ont du mal à supporter la frustration et à fournir des efforts qui ne
portent pas leurs fruits immédiatement. C'est oublier que le couple et
la sexualité ne vont pas de soi et se construisent avec le temps.
7 - LE FATALISME
Deux écueils principaux guettent les couples de longue durée : les
conflits que l'on ne règle pas parce que l'on considère qu'il est trop
tard, et l'essoufflement du désir, voire l'absence de relations
sexuelles. Des conflits lors de la vie de couple non réglés en
profondeur ressortent rancœur et frustration, et de l'usure du désir,
installée au fil du temps, des conduites d'évitement qui alimentent une
agressivité souterraine empoisonnant les échanges les plus anodins.
La bonne réaction consisterait à communiquer sur ce qui fait
effectivement problème pour tenter de trouver une solution (parfois en
faisant appel à un tiers thérapeute).
QUAND L'ENFANT PARAIT :La naissance d'un enfant agit souvent comme un facteur déclenchant,
faisant remonter à la surface des difficultés plus anciennes. Avec
l'arrivée de ce tiers, toutes les "erreurs" répertoriées ci-dessus
deviennent autant de pièges qui se resserrent : absence de vraie
communication ? Ce sont les désaccords qui surgissent à propos de
l'éducation et de l'organisation au quotidien de la vie de famille.
Amour-fusion ? Le bébé vient rompre la symbiose, donnant l'impression de
"prendre la place" de l'un des partenaires auprès de l'autre.Absence de
projet de couple ? L'enfant devient l'unique centre d'intérêt de l'un
ou des deux parents, jusqu'à ce que ceux-ci abandonnent toute vie
amoureuse...
De nombreux couples pensent encore que l'arrivée d'un enfant résoudra de
façon magique tous les problèmes. Mais un enfant ne peut constituer un
projet "final". Idéalement, c'est pour le couple une étape à franchir,
lorsque la plupart des pièges ont été déjoués et que les erreurs de
comportement ont été repérées, et réparées.